Liste des produits de la marque BBB

En 1847, Adolph Frankau arrive à Londres et reconnaît rapidement les opportunités dans le marché du tabac en pleine expansion. Il fonde « Adolph Frankau & Co » et devient importateur de pipes en mèche et de fournitures liées au tabac. Il prend sous son aile un jeune garçon, Louis Blumfeld, alors âgé de seulement 14 ans. L’entreprise prospère rapidement jusqu’à la mort d’Adolph Frankau en 1856. Sa femme se préparait à vendre l’entreprise.

Thomas Carlyle (1795-1881), auteur de « Héros et l’Héroïque dans l’Histoire », intervient en conseillant à Madame Frankau de ne pas vendre mais de confier l’avenir de l’entreprise au jeune Louis Blumfeld, alors âgé de 18 ans. Carlyle devait avoir une haute opinion de Louis, et cette confiance a été justifiée par sa gestion de l’entreprise, son enthousiasme et son énergie sans bornes. Louis a rapidement réalisé, comme d’autres, le grand potentiel du bruyère, dont la valeur commençait seulement à être reconnue.

Louis Blumfeld développe rapidement des relations commerciales internationales importantes, réalisant un succès notable au Canada, en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Inde, et au loin en Europe, en Suisse, et notamment au Danemark. Bien que les États-Unis n’aient jamais été un marché exceptionnel, une succursale a tout de même été ouverte à New York. En effet, la stratégie commerciale s’est principalement concentrée sur les pays de l’Empire Britannique. Juste avant 1914, A Frankau & Co devient également le distributeur exclusif des pipes en bois de cerisier de Ropp pour couvrir le Royaume-Uni et ses colonies.

Bien que BBB soit sa marque la plus connue, A Frankau & Co possédait plusieurs marques de pipes : Capt. Kidd, Fairway (« F » en blanc ; FAIRWAY/LONDON MADE/ENGLAND), Frankau’s (London Made/Made in England), Glokar, Major Daff, Snap-Fit. Ultonia et Nec Plus Ultra semblent également être des marques distinctes, malgré le fait qu’elles soient commercialisées comme des gammes de produits sous l’étiquette BBB. Cela explique leur absence des catalogues BBB.

Le besoin de production à Londres est devenu urgent, et au tournant du siècle, A. Frankau & Co possède un grand entrepôt et des bureaux au 121 Queen Victoria Street, un service d’exportation à Upper Thames Street, et ouvre une usine en 1898 à Homerton, High Street 112 (plus tard 154) jusqu’aux années 1980, lorsque Cadogan a consolidé ses activités de production à Southend-on-Sea.

À cette époque, A Frankau & Co produisait également des pipes Calabash. Le calabash utilisé provenait d'Afrique du Sud et ce sont des fruits qui peuvent être utilisés comme pipes (également appelés flacons, dans ce cas) pour fumer. Il est devenu difficile de se procurer du calabash en raison de la demande croissante et de l’attention continue requise pour la culture. BBB a créé un département spécial pour produire des pipes calabash, en utilisant uniquement de la mèche pour le bol, tandis que certains de leurs concurrents utilisaient du plâtre de Paris et même de l’amiante. La production de calabash a survécu à la guerre de 14/18, mais la demande pour ces pipes a été détruite par le conflit.

Les années 1920 n’étaient pas faciles pour les fabricants de pipes, et A Frankau & Co a été intégré dans « A. Oppenheimer & Co. Ltd. » C’est durant cette période que Comoy’s of London, Dr. Plumb et Loewe & Co sont passés sous le contrôle d’Oppenheimer, conduisant l’entreprise à établir « Cadogan Investments Ltd. » à Cadogan Square, Londres, dans les années 1930, pour produire et vendre ses pipes. L’usine de Homerton a été reprise par « Marechal Ruchon & Co » (dans les années 1970, l’usine a été nommée « Fairfax Traders ») et a continué à produire des pipes BBB traditionnellement. Les pipes avec anneaux en argent et étuis ont cessé. Cependant, BBB a continué à fonctionner commercialement en tant qu’entreprise indépendante, comme les autres marques sous l’égide de « Cadogan ». BBB s’est concentré sur une gamme de pipes système généralement fabriquées sur commande et sur de nouvelles finitions.

Richard Esserman croit que Dunhill avait sous-traité la production de ses têtes Bent Magnum à BBB jusqu’en 1923. En effet, lorsque les entreprises CIL ont cessé de se concurrencer, toutes les têtes ont été tournées dans les installations d’une nouvelle usine située à Stratford, Carpenters Road. CIL a également acquis des machines Zuckerman, plus efficaces. Les ateliers de finition ont fermé, et les pipes étaient finies à Aldershot et parfois à Shoeburyness.

À l’époque, il était courant de proposer des têtes excédentaires à d’autres entreprises à des prix convenus. Cadogan était habitué à vendre des têtes de grade A à Dunhill et à acheter des têtes de grade II, III et IV. Cependant, ils ne finissaient pas les pipes pour d’autres entreprises : vendre des têtes de grade A à Dunhill était plus rentable que de fabriquer des pipes pour eux !

La Marque BBB

Les initiales BBB en forme de diamant ont été utilisées très rapidement, et la marque a été la première à être enregistrée lorsque la « Trade and Marks Act » est entrée en vigueur. De manière assez étrange, BBB a été enregistrée avec deux numéros : le numéro 39, le symbole BBB dans un diamant (date d’enregistrement : 1er janvier 1876 ; publié le 3 mai 1876, page 21 du Trade Mark Journal) pour la classe 341 (Tabac, brut ou transformé et cigarettes), et le numéro 40, un simple B pour lequel aucune image n’est disponible (références d’enregistrement et de publication identiques) pour la classe 50 (Marchandises fabriquées en ivoire, os, bois, substances végétales ou animales, pipes à tabac, cigares et cigarettes). Il convient de noter qu’Oppenheimer a réenregistré BBB pour un nouveau logo sous le numéro 2288663 (date d’enregistrement : 20 décembre 2001 ; publié le 13 février 2002, page 2634 du Trade Mark Journal) pour les classes 14 (étuis pour cigares et cigarettes, boîtes pour cigares et cigarettes, porte-cigares et porte-cigarettes, tous en métaux précieux) et 34 (Tabac et produits du tabac, articles de fumer, pipes, boîtes à tabac, porte-pipes, briquets, porte-cigares et porte-cigarettes, étuis pour cigares et cigarettes, humidor). Au niveau européen, Oppenheimer a enregistré BBB sous le numéro 002100907, date d’enregistrement : 22 février 2001, date de publication : 7 octobre 2002, pour les classes 14 et 34, et sous le numéro 0863111 pour la classe 34 (date d’enregistrement : 20 octobre 2005).

Production BBB

Il est probable que les premières pipes BBB aient été en fait importées et que les initiales aient d’abord signifié Blumfeld’s Best Briars. Peu à peu, ces initiales en sont venues à être comprises comme Britain’s Best Briars.

Au départ, BBB produisait deux qualités. L’une, BBB Own Make, est devenue BBB Best Make, tandis que les autres pipes étaient simplement estampillées BBB. On peut penser que les pipes Own Make étaient en réalité produites à Londres (les pipes défectueuses ont un R estampillé), tandis que les simples pipes BBB étaient importées, et cela jusqu’au début du 20e siècle. Cependant, bien que ce ne soit pas entièrement clair, il est probable que les lignes de gamme inférieure étaient importées de Saint-Claude.

La collection BBB suivait les mêmes lignes que les autres fabricants de pipes de la fin du 19e siècle. Les formes étaient similaires aux modèles populaires avec une prédominance de courbes. La plupart d’entre elles avaient un anneau en argent. En même temps, BBB continuait à fournir des pipes en mèche.

BBB a probablement été le premier à proposer des pipes avec un filtre en papier, le Mackenzie, également disponible en deux qualités (Mackenzie, la seconde marque de BBB, pourrait avoir été produite en République d’Irlande. Pipes en ébonite). Cette méthode remonte à avant 1900 comme le démontre une lettre datée du 27 août 1891 de Sir Morrel Mackenzie (1837-1892) suggérant de produire des modèles avec un tube plus long. La marque a survécu jusqu’aux années 1960.

On pense que BBB a été l’un des premiers à appeler la forme Lovat « Lovat », des pipes conçues avec un large conduit pour une meilleure circulation de l’air. Cependant, « Friedlands » pourrait avoir adopté ce nom à peu près à la même période. Les Lovats sont apparus bien avant 1914 et étaient proposés à la vente par BBB en quatre tailles différentes, dont une série appelée Highland. Le Colonel Henry Francis Fraser (1872-1949), Lord de Lovat, doit avoir fait la publicité de cette forme faite en son honneur et qui est encore populaire aujourd’hui.

Bien que les formes de pipes en bruyère soient similaires à celles des autres marques, les modèles développent un caractère distinctif très recherché par les collectionneurs aujourd’hui. BBB a en effet remporté la médaille d’or à l’Exposition Franco-Britannique de Londres en 1908 (Frank Bowcher, 1864-1938) et à l’Exposition Internationale de Bruxelles en 1910, médaille décernée par Godefroid Devreese (1861-1941). Ces médailles peuvent être trouvées, entre autres, sur les dépliants publicitaires des années 1950 et 1960.

À l’époque, il était courant que les prix soient basés sur le matériau de la pipe : vulcanite, corne, ambre, ambrolite, etc. De même, le prix variait en fonction de la taille de la pipe. Par exemple, en 1914, le prix de gros d’une simple billiard variait de 15 shillings à 22 shillings et 6 pence en raison de la taille de la pipe et de l’absence de filetage ou de tenon. Cependant, il semble étrange qu’une pipe Liverpool de cinq pouces avec un embout en ambre coûtait 12 shillings de gros, tandis que la même avec un embout en ambrolite coûtait 19 shillings.

BBB considérait qu’il était essentiel de lancer des séries spéciales telles que Chubby, Golfer, Dreadnought (probablement nommée d’après la classe de navires de guerre), Bellerophon (sic), et Cutty (petits modèles).

BBB proposait jusqu’à 20 gammes en raison des différentes combinaisons de tige, de finitions et d’étuis. Tous avaient un anneau en argent. Vers 1910, BBB Own Make pouvait se vendre jusqu’à 2 £ 10 shillings, tandis que les pipes simplement estampillées BBB se vendaient pour 5-6 shillings.

Dans les années 1930, la gamme haut de gamme est devenue « BBB Best Make » avec des variantes telles que « Super Barrage » et « Ultonia Thule ». Le BBB Carlton, vendu 8/6 en 1938, comportait un système métallique complexe, également utilisé dans le BBB London Dry. Les pipes Blue Peter n’étaient pas estampillées BBB mais BBB Ultonia, et BBB Two Star (**) est devenu la gamme inférieure. Les Calabashes ont disparu des catalogues, mais certaines pipes avec étuis et certaines pipes en ébonite sont encore produites. Les formes étaient également typiques de cette période : la moitié étaient des billiards, quelques princes et bullcaps, un nombre limité de bulldogs, et des pipes courbes. C’est aussi à cette époque que les séries haut de gamme recevaient une incrustation métallique du symbole BBB, tandis que les séries inférieures n’avaient qu’une tige gravée.

Des années 1950 aux années 1960, les gammes sont restées relativement stables. En haut, l’Own Make « Rare Grain », puis la ligne vierge avec un bol en ébonite, l’Own Make « Virgin », l’Own Make « Walnut », et enfin l’Own Make « Thorneycroft ».

Actuellement, Cadogan utilise du bruyère espagnole pour la plupart de ses pipes et réserve du bruyère marocain pour la production de haute qualité. Avant d’être expédié, le bruyère est vieilli entre 6 et 12 mois.

Pour éviter toute confusion et une documentation excessive due à l’utilisation de grades spécifiques pour chaque marque du groupe, Cadogan a adopté un système de huit grades communs à toutes les marques. Le grade A est du bruyère avec un joli grain, sans imperfections visibles. Le grade B a un joli grain mais avec quelques petites taches noires et un maximum de trois trous de sable qui seront comblés. Le grade « Best Make » a également un joli grain, avec un maximum de cinq petits trous de sable. Les têtes avec une qualité de grain variable et jusqu’à six trous de sable sont de grade MO. Les pipes de deuxième grade sont soit du bruyère avec un grain médiocre mais sans défauts, soit de beau grain mais avec jusqu’à huit petits trous ou deux gros trous de sable. Les grades trois, quatre et cinq sont des pipes de qualité décroissante progressive.